J’avoue avoir un peu hésité à partir de matin car le descriptif de la randonnée ne m’inspirait pas. Cela me paraissait trop court (mais il y avait une erreur de frappe pour la durée du parcours) et je ne pouvais pas localiser le lieu.
Mais je me suis dit qu’il ne fallait pas faire la fine bouche et que si le temps était au beau eh bien un grand bol d’air frais cela ne me ferait pas de mal.
Et…Bingo !
J’ai appris au lieu de r.v., sur la piazza Adda, que nous allions à Noto Antica dont j’ai parlé dans un post assez ancien que je concluais en disant que j’aimerais bien y revenir et parcourir les ravins qui l’entourent. Or, justement c’était le parcours prévu…Il faut donc toujours rêver ! Voilà donc la chose une fois de plus démontrée (alors mon « grand » rêve se réalisera-t-il ? Je sais qu’il est très ambitieux…trop ? On verra !).
Nous sommes arrivés vers 9h30 au pied des murailles qui, jadis, ont enserré la ville sur ce grand éperon qui s’avance vers la mer à 10 km à vol d’oiseau et bien plus en voiture car nous sommes là sur le plateau calcaire, ridé par de profondes vallées formant canyons et appelées ici Cava. qui borde la plaine littorale.
Le site était bien choisi : un plateau éperon qui permettait de voir au loin la mer et dont l’accès était interdit par la nature puis par les hommes avec leur muraille et le château qui gardait le tout.
Une petite ville dans un site enchanteur. Connue partout pour ses tanneries (il y avait de l’eau à profusion en contre bas) et ses moulins à eau. Des grottes et des cavernes étaient aménageables en ateliers et en moulins et ceux-ci, le long et en bas de la falaise formaient comme un quartier industriel.
Pour y descendre, on avait sculpté dans la falaise un sentier avec parfois des marches parfois des tranchées. Car il fallait et descendre la matière première et monter les produits finis. Une dénivelée de plus de 300m et un sentier assez raide. Certes la beauté du paysage, la luxuriance de la végétation devaient agrémenter les pauses que les porteurs ou leurs mulets faisaient forcément.
Et puis un jour après une alerte qui mit tout le monde à dormir dehors et qui, l’alerte passée, réintégra ensuite les demeures, vint la grande secousse de 1693 qui ravagea la partie orientale de l’île en s’acharnant tout particulièrement sur la côte et son arrière pays . De Messine à Porto Palo il ne resta plus rien ; 300.000 victimes embaumèrent ces lieux paradisiaques.
Comme partout, on reconstruisit et évidemment en style baroque. Comme les nécessités militaires avaient disparu on rebâtit Noto (une note agrémentée de photos en parle) beaucoup plus prés de la mer et la Noto rasée est devenue Antica.
A part quelques murailles, quelques fondations de maison, quelques tours du château , plus rien que des tas de pierre vite envahis par les herbes, arbustes bref la Nature. Et ce site qui fut si actif, résonnant de milles bruits de ville , est aujourd’hui le paradis des amoureux da la Nature et du romantisme qui fait rêver à ceux qui connurent là joies et peines, amours et colères… bref l’ordinaire humain. Partout de vastes panoramas comme je les aime !
J’aime ces lieux rendus mélancoliques par la souffrance mais aussi rendus à la nature par sa volonté. Comme un embrassement létal.
Le parcours faisait descendre en bas du ravin occidental jusqu’à la rivière puis suivre celle-ci sous des frondaisons d’oliviers, d’eucalyptus, et de petits chênes et quelques autres espèces, franchir des gués pour aller explorer la chambre du meunier, un moulin alimenté par de l’eau venue d’un plateau voisin et bien guidée par un aqueduc ou celle du torrent, des cavernes immenses et sculptées par l’homme où se traitaient les peaux, couleurs comprises. Pas une mais une bonne dizaine. De véritables usines bien éloignées de la ville pour ne pas l’empuantir et disposant de toute l’eau nécessaire.
Un voyage dans un passé indéfini…un passé économique qui fut prestigieux et qui nous fixe des yeux crevés de ses cuves vides. Il y a comme un air de connivence qui flotte entre ces murs couverts de mousse.
Le sentier s’enfonce jusqu’ au bout de la ravine où vient au jour une résurgence ; notre progression est ralentie par les « femmes » qui cueillent la herbes inconnues pour la salade ou le potage du soir ou, miracle, saccagent un parterre de girolles pour l’omelette vespérale ; nous goûtons à la beauté de ces lieux enchanteurs si loin des froidures qui accablent déjà français et piémontais. Tout est vert, tiède, humide et souvent fleuri comme au printemps.
On remontera la falaise par un sentier qui a pu être muletier, taillé lui aussi dans le calcaire et on finira cette ballade dans l’autre temps par un exploration des ruines du château, de l’Eglise et même de la prison dont les murs portent les graffitis des hôtes de l’époque : une statuette qui dit les désirs de son auteur, des navires et même , pour tuer le temps, des jeux de dames.
Cependant que le groupe s’éclate en diverses voitures, Rosa et Rina décident de déjeuner au soleil, convainquent Gioavanni qui n’ose résister et rencontrent mon plus vif enthousiasme. Sur un rocher, sous un rameau d’olivier qui se balance sur un fond d’azur je ferai une démonstration du travailleur de force ! Nous sommes le 30 novembre 2008…et j’ai une pensée émue pour tous ceux qui…
Voilà ce fut bon car tout était réuni : une bande sympa, un temps sympa, un site sympa, une géographie sympa, une végétation sympa etc…le tout à dimension d’homme, bref une symphonie bucolique !